DISCOURS DE LA SÉANCE ACADÉMIQUE 2017
Rentrée académique 2017/2018
Retrouvez l’intégralité de la séance académique en vidéo ici et découvrez ci-dessous le discours de M. Alexandre Lodez:
Si la recherche amène le progrès, alors le changement est inscrit dans l’ADN de l’humanité !
Monseigneur (Evêque Jean-Pierre Delville)
Monsieur le Ministre (Jean-Claude Marcourt Enseignement supérieur)
Mesdames et messieurs les députés (Gerkens, Simonet, Foret, De Lamotte, Henry )
Monsieur le Recteur (Yves Poulet UNamur)
Messieurs les Vice-Recteurs (Didier Vranken ULg et Marc Francaux UCL)
Messieurs les Directeurs-Présidents, (HEPL, HELHa)
Messieurs les directeurs généraux,
Mademoiselle la Présidente de l’AEH,
Chers collègues,
Chers étudiants,
Mesdames et Messieurs en vos titres, fonctions et qualités, merci d’avoir accepté notre invitation.
Avant toute chose, je voudrais vous dire qu’aucun étudiant ou enseignant n’a été payé pour témoigner. Je voudrais aussi remercier le conseil pédagogique, les membres de HELMo et les étudiants qui ont organisé cette rentrée académique en faisant preuve de compétence coopérative. Un merci au président de notre PO, Marc Dubru, qui met en avant la question des évolutions pédagogiques. Un grand MERCI aussi à Marc Romainville qui, entre deux lignes, du Pacte d’Excellence (dont il est l’un des animateurs engagé) a accepté de modérer avec pertinence et impertinence cette rencontre. Bravo à l’implication des quatre intervenants :
- Guillaume Ancion
- François Jourde
- Daniel Faulx.
- L’AEH et particulièrement à sa Présidente qui nous a amené un catalogue de bonnes idées.
Souvenez-vous de la rentrée académique 2016 sur le thème du monde de la transition où le fond d’écran était un peu différent puisque pastèques, potirons, poireaux, foisonnaient … Nous voilà aujourd’hui sur un thème tout aussi essentiel : Quelles pratiques pédagogiques pour l’enseignement supérieur en Haute Ecole ? Cette question étant mise dans une perspective temporelle : est-ce pour aujourd’hui ou pour demain ?
Ce thème comme nous l’avons entendu suscite réactions et commentaires. Je n’y reviens pas, mais je souhaite apporter ma réflexion sur le sujet …
Le choix de la libellule n’est pas innocent. Si la coccinelle est connue pour être la bête du bon dieu, au Moyen-Age, la libellule est quant à elle associée au diable, à la mort et à la guerre … mais heureusement, aussi à l’amour. C’est bien évidemment à l’amour que nous faisons référence – mais un amour en mouvement comme le vol de la libellule qui se caractérise par une propension aisée à changer de cap. En choisissant, une libellule comme symbole, nous osons affirmer notre audace à entreprendre les changements nécessaires dans le domaine des pratiques pédagogiques.
Au travers de cette thématique, je me suis rappelé ces questions : Pourquoi à chaque génération, devons-nous inventer de nouvelles démarches ? Pourquoi les générations qui arrivent ne suivent-elles pas tout simplement les pratiques de hier que l’on qualifie souvent de meilleures (on entend souvent : « C’était mieux avant » – On entend rarement « Cela sera mieux demain »).
Quelles pistes de réflexions sur le sujet :
- La curiosité nous amène à la découverte ;
- L’envie de faire mieux nous amène à la qualité ;
- L’envie d’être reconnu, nous rappelle que notre besoin d’identité est majeur pour nous construire;
- L’envie de poursuivre l’humanité, nous amène à vouloir la mort de la Mort comme l’écrit, Laurent Alexandre.
Des phrases comme celle-là, nous pourrions en écrire à l’infini. Elles nous amènent à penser que notre civilisation a, dans son ADN, – le changement.
Le changement n’est évidemment pas que technologique – il s’inscrit profondément dans toutes les dimensions de la société et même de la spiritualité. Nous ne naissons ni avec la connaissance du monde, ni avec sa compréhension. Nôtre quête infinie réside justement dans la découverte de celles-ci.
Donc oui, notre société est bien en mutation constante. Certains diraient même en trans-mutation.
Au niveau de la société, la capacité à concilier progrès social et progrès technique est de plus en plus difficile. Le fossé se creuse dangereusement. Alors que la technique permet de plus en plus aux rêves les plus fantastiques de se réaliser, au moment où les algorithmes (c’est-à-dire : la description précise, sous forme de concepts simples, de la manière dont on peut résoudre un problème) sont dans le langage informatique – où l’intelligence augmentée est un possible – où la robotique devient le quotidien et dessine une humanité parfaite (l’ordinateur est parfait – logique – infaillible – les voitures sans pilote supprimeront les accidents de la route) – nous connaissons par ailleurs de plus en de burn out chez les humains. Le burn out nous rappelle que ce qui différencie l’Homme de la machine moderne (avant, la question c’était : « qu’est-ce qui différencie l’Homme de l’animal » ?) – c’est que l’homme a besoin de sens pour agir – produire – inventer – se dépasser. Les machines n’en n’ont pas besoin. Certains ont bien compris cette difficulté majeure qu’en biologie on appelle, le rejet. Pour concilier Hommes et Techniques, alors on invente la combinaison de la technique et de la biologie au travers des évolutions bioniques [1] qui pour certains amènera des évolutions majeures dans les rapports de l’Homme à son environnement … et nous sommes reparti dans un vieux rêve ; celui de tout contrôler pour s’assurer d’un monde parfait comme dans le livre Le Meilleur des mondes (Brave New World) est un roman d’anticipation dystopique, écrit en 1931 par Aldous Huxley. Mais, je vous rassure – heureusement il reste l’amour qui nous permet encore de décider de notre devenir et qui nous rappelle que tout comprendre et tout connaître n’est sans doute l’apanage que de ceux qui veulent maîtriser l’univers. Oui, nous devons sacrifier l’idéal d’un monde parfait – pour permettre à un monde d’humains de vivre. La seule limite pouvant être que l’humanité n’a pas le droit de détruire son environnement.
Après ce détour modestement philosophique, se posent la question de la place de la technique au niveau de l’enseignement supérieur et la question des pédagogies les plus efficaces en tenant compte du personnel académique – des étudiants – des compétences à acquérir – des lieux d’apprentissage et plus particulièrement, de la vision qu’a la société du rôle de l’école comme espace/temps de formation.
Je pourrais vous amener sur des questionnements du type :
- L’école est-elle encore nécessaire alors que la technique propose des méthodes d’apprentissage et surtout, des domaines d’apprentissage infinis ?
- L’enseignant est-il encore utile dans un modèle techno-pédagogique en trans-mutation ?
L’école est en transformation depuis sa création – elle n’est pas le seule modèle d’éducation collectif – elle est aujourd’hui une décision de nos sociétés occidentales d’offrir une possibilité d’éviter des fractures : fractures sociales – fractures technologiques – fractures dans l’évolution de nos potentiels intellectuels.
Le projet de notre FWB est bien de viser une réforme de son enseignement dans ses contenus, mais aussi dans ses pratiques pédagogiques. Mais avant tout, l’école est une aventure humaine qui fait se rencontrer des jeunes – des jeunes adultes – et des adultes confirmés. L’école est un vecteur qui doit permettre à nos jeunes de s’ouvrir sur le monde … L’école doit nous donner des clés : celle de la musique – de l’art – de la science – de la spiritualité …
Pour conclure, je vous livre mes croyances :
- Oui, il y a plus d’une pratique pédagogique efficace ;
- Oui, l’Enseignement Supérieur doit évoluer avec les nouvelles technologies ;
- Oui, nous devons rester libres de nos choix et laisser à la créativité, une place pour s’exprimer ;
- Oui, l’école doit être génératrice de sens ;
- Oui, il faut laisser de la place pour l’amour
et
- Non, il ne sert à rien de tout vouloir contrôler.
Je vous remercie pour votre écoute et bonne année académique. Je suis fier de savoir que les équipes de HELMo sont créatives, motivées et maximalistes.
Alexandre Lodez
DP HELMo
[1] Science qui a pour objet l’amélioration de la technologie (en partic. de l’électronique) en tirant profit de l’étude de certains processus biologiques observés chez les êtres vivants