Soirée de lancement de la Réforme de la formation initiale des enseignants - Discours

Discours inaugural de la soirée pour fêter le lancement de la RFIE - ALEXANDRE LODEZ - Président du CICHELL


Avant de donner un titre à ce discours

Permettez-moi de vous dire à quel point je suis honoré de prendre la parole au nom des hautes écoles.

Ceci n’est pas une réformette.

Ceci n’est pas l’affaire de deux penseurs en chambre.

Ceci ne bouscule pas un peu mais beaucoup les codes de nos institutions.

Ce que nous inaugurons aujourd’hui est le résultat, la démonstration, que nos mondes se décloisonnent… un peu beaucoup ou pas du tout (on verra bien).

Mais surtout ceci est le fruit d’un travail en concertation, co-construction souvent, de nombre d’enseignants qui ont mis leurs convictions en action, leurs expériences au service de tous (nous connaissons tous l’effet de les citer… on en oublie toujours …).

Merci à vous et encore honoré de prendre la parole ce soir…

Un titre

D’où je viens, où je vais ?

Les 12 travaux d’Hercule avec une traduction liégeoise « Oufti on est au-dessus des marches de Bueren (vivement un peket) »

Ou encore : Une ardeur d’avance sur les autres consortiums (version Luxembourgeoise)

Ou encore : On a sauvé notre spécificité (version des écoles supérieures d’art – ESA)

Ou encore : Comment faire de la coopération concurrentielle ? (sujet futur d’un mémoire de HEC en économie sociale)

Pourquoi a-t-on fait cette réforme ?

  • Constat de la pénurie et du manque d’attractivité du métier.
  • Insatisfaction des PO sur l’adaptabilité des diplômes aux réalités actuelles de l’enseignement obligatoire (volet socialisation du rôle de l’école, d’adaptabilité socio-culturelle).
  • Insatisfaction des mondes de l’entreprise et des organisations sociales, de l’Université, constatant un manque de maîtrise des contenus (volet employabilité du rôle de l’école).
  • Résultats mitigés aux divers tests comme PISA.
  • En toile de fond, l’égalité des chances, une société égalitaire, des diversités culturelles et donc sociologiques (Bruxelles/Wallonie - ville/campagne).

Méthodologie pour gérer le changement

La méthodologie utilisée est la mise en place d’un nouveau décret (symbole d’un fonctionnement à la fois démocratique et bureaucratique).

Mais comment le faire ?

  • Se parler entre acteurs de la formation des enseignants. Un GT a fait des recommandations aux politiques qui devaient être la base du nouveau décret sur la FI.
  • Construire un dispositif en co-diplomation entre ESA, universités et hautes écoles.
  • Renforcer la maîtrise des contenus en haute école.
  • Renforcer la didactique à l’université et en ESA avec les fameux bacs à l’enseignement.
  • Mener le projet sur 5 ans.
  • Revaloriser le salaire des enseignants.

Et puis, les cadors se sont mis en action, le PO de l’enseignement obligatoire, SeGEC en tête, avec comme moteur le coût que cette réforme allait représenter tant au niveau du champ de sa formation initiale que des coûts entre 350 M et 1 milliard à l’horizon 2050, de la valorisation salariale (qui dans un contexte économique et des finances publiques de la FWB menaçait le volume de l’emploi) et l’encadrement de nos têtes blondes. Mais aussi la fronde universitaire sur la nécessité d’un bagage scientifique de haut niveau…

Il a fallu deux décrets pour s’en sortir et deux gouvernements et parlements ainsi que la détermination d’une poignée d’experts venant de l’enseignement supérieur et du cabinet Glatigny.

Mais, in fine, nous avons eu l’outil pour construire notre consortium et construire ensemble ce projet que nous inaugurons ce soir tous ensemble …

De façon générale, il s’agit d’un consortium inédit, voire unique, en FWB.

  • Un consortium en interréseaux. En comparaison avec ce qu’il se passe dans des blocs « plus homogènes », c’est une belle réussite pour le pôle Liège-Luxembourg. C’est plus compliqué dans les autres consortiums, selon leurs échos.
  • Sur le plus grand territoire de la FWB avec le concours d’une université étrangère.
  • Dans un esprit et un objectif de garder cette capacité de concertation et de consensus. Cela demande évidemment certains renoncements et des compromis. Cela présage-t-il d’une vision autre pour l’avenir de l’enseignement supérieur au regard des budgets futurs pour l’entièreté de celui-ci ?
  • Un Comité de pilotage institutionnel et pédagogique.
  • Une capacité d’influence avec trois représentants à la COCOFIE : un directeur de département, une directrice-présidente et l’ULiège. Concrétisation de l’esprit constructif des liégeois-luxembourgeois.

Les travaux avancent bien plus que ce que le cabinet attendait. La force des collaborations en concurrence, c’est possible ! Cette structure, inédite, régule attentes et demandes des employeurs (FPO), demandes politiques, et attentes des opérateurs de l’enseignement supérieur.

Quelques challenges

  1. Poursuivre la mise en œuvre du décret
    1. Réaliser les 3 autres blocs.
    2. Inédits : certificat maître de stage (enjeu majeur) pour 40.000 euros par consortium. Comment combiner le partagé et le spécifique ?
    3. MSFE : enjeu majeur de la réforme. Il n’y aura plus d’AESS pour former les enseignants. Il faudra désormais une formation spécifique pour remplir ce rôle. Le choix inédit de Liège-Luxembourg (couteux mais dans l’esprit des concepteurs du décret) est de former de façon spécifique les formateurs d’enseignants SURTOUT sur le plan didactique.
    4. En marge sans doute, mais ayant toute son importance : la formation des directions de l’enseignement obligatoire.
  2. Donner une nécessaire identité aux projets (collectifs et individuels) – bien se connaître pour mieux se comprendre dans nos approches différentes avec en toile de fond …
    - la société plurielle voire la société nécessairement plurielle, complexe, multiple, diversifiée, avec des croyances, des moteurs, des valeurs différentes ou priorisées autrement ;
    - une nécessité anthropologique : celle de vivre dans des entités à taille humaine. Allons-nous vers un seul lieu de formation, un seul réseau ? Nos types longs vont-ils tout droit à l’université ? Les haute écoles et écoles de promotion sociale vont-elles tout droit vers un même lieu de pilotage ? Les ESA resteront-elles sur leurs îles ?
  3. Ne pas ignorer la pénurie. Si le consortium n’est pas créatif, les écoles de promotion sociale le seront. Il y a un gap entre les attendus du décret et les réalités de terrain.
  4. Prévoir une nécessaire évaluation du dispositif par les acteurs concernés – institutions – enseignants – étudiants – bénéficiaires et les politiques.